Le bambou est l’un des compagnons de l’âme japonaise. Synthèse de la beauté et de l’utile, il se décline en une multitude d’objets quotidiens. Sa modestie (il n’est qu’une herbe géante) et sa capacité à se transformer en font l’un des matériaux préférés des artisans. Sur les cent dix-huit variétés poussant au Japon, une cinquantaine est utilisée à des fins artisanales, du simple balai aux très sophistiquées barrières des jardins de thé.
Le bambou s’associe au papier pour donner les objets les plus représentatifs du Japon (l’éventail, l’ombrelle, la lanterne et le cerf-volant), tout comme il est le partenaire du bois dans la maison traditionnelle.
Symbole idéal de l’humilité, il se prête à toutes les croyances et aux deux religions majeures du Japon. Sous le signe des dieux, il chasse les démons ou appelle la fortune quand il ne participe pas à l’accueil des ancêtres lors de la fête des âmes ou à la célébration des étoiles amoureuses. Mais il est surtout le support de l’esprit lorsqu’il participe à la cérémonie du thé, à l’art des fleurs, à la calligraphie, au tir à l’arc zen ou à la Voie du sabre. Il est enfin le matériau idéal pour le facteur de flûtes et d’orgues à bouche puisque le son parfait qu’il doit donner n’est que le bruit du vent dans une forêt de bambous.