Le papier japonais, washi, est beaucoup plus qu’un support matériel de l’écriture ou de la peinture. Par sa pureté, il symbolise l’offrande, le respect envers les dieux et les hommes. Découpé et plié, il manifeste la présence d’une divinité dans son sanctuaire et sert de présentoir lorsqu’on remet une doléance à l’empereur. Alors qu’en Occident, on parle de fabrication du papier, au Japon, on dit kami-tsuki ; ce terme, qui implique l’idée de cultiver la beauté, pourrait se traduire par « élevage » ou « éducation du papier ». Privilégiant l’Idée ou le Beau, le papier sait aussi se rendre plus simplement utile, se faisant lanternes, ombrelles, éventails, emballages ou jeux, tels que les cerfs-volants, poupées ou origami.
La fabrication du papier est avant tout réglée par le rythme de vie paysan. Les fermiers ne s’engagent dans sa production que lorsque les récoltes sont achevées et que la soie est filée. La saison de travail varie selon les régions, mais généralement se situe fin novembre, début décembre. L’élevage du papier nécessite deux conditions essentielles : le froid et une eau très pure.